
EMDR ?
Du mouvements oculaires
au retraitement adaptatif de l’information
 
   I. Petit historique
L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing), ou en français « Retraitement et désensibilisation par mouvements oculaires », est une approche psychothérapeutique en 8 phases développée en 1987 par Francine Shapiro, psychologue au Mental Research Institute de Palo Alto.
Initialement testée sur des vétérans du Vietnam, cette méthode a montré des résultats très positifs publiés dès 1989. Elle repose sur l’idée que les mouvements oculaires (MO) activent un mécanisme d’intégration émotionnelle similaire à celui du sommeil paradoxal, favorisant le traitement des souvenirs traumatiques.
Rapidement, des études ont montré que les MO pouvaient être remplacés par des stimulations bilatérales alternées (SBA) : tapotements, sons alternés, vibrations… L’EMDR devient ainsi une thérapie fondée sur le traitement adaptatif de l’information (TAI).
En 2002, Francine Shapiro reçoit le prix Sigmund Freud décerné par l’Association mondiale de psychothérapie et la ville de Vienne.
Le TAI repose sur l’idée que chaque être vivant possède un système physiologique de traitement de l’information, capable de « digérer » les expériences pour favoriser l’auto-guérison psychologique, à l’image des processus biologiques naturels.
   II. Les mécanismes possibles
Un traumatisme peut déséquilibrer le système nerveux, bloquant le traitement émotionnel, cognitif et sensoriel de l’événement. L’information reste alors stockée de manière incomplète et dysfonctionnelle.
      🔗 Réseaux de mémoire
Les souvenirs, pensées, images, émotions, sons, odeurs et sensations sont interconnectés. Lors d’un stress intense, le système neuronal peut être débordé, et les éléments non traités sont stockés avec des croyances négatives dans des réseaux séparés.
L’EMDR permet de reconnecter ces réseaux, débloquant le processus naturel de traitement de l’information. Cela entraîne une désensibilisation des émotions, pensées et sensations physiques associées à l’événement, même longtemps après sa survenue.
L’EMDR est une approche neuro-psycho-biologique.
   III. Psychothérapie EMDR : comment ça se passe ?
Avant de commencer, une ou plusieurs séances d’entretien permettent d’évaluer l’histoire de la personne, ses symptômes et la pertinence d’une prise en charge EMDR. L’indication principale est le traitement des chocs émotionnels, mais aussi des traumatismes répétés ou accumulés.
     🎯 La cible peut être :
•     Un événement du passé
•     Une situation actuelle
•     Une anticipation du futur
     🔍 Les registres explorés :
A. Registre perceptif :
Photographie du moment, perceptions sensorielles (images, sons, odeurs, tensions, goût).
B. Registre cognitif :
Croyance négative sur soi-même dans la scène, et croyance préférée.
C. Registre émotionnel :
Émotions présentes et leur intensité.
D. Registre corporel :
Localisation de l’émotion dans le corps.
  Le thérapeute initie les SBA et laisse la personne associer librement ce qui lui vient. Ces stimulations, proches du sommeil paradoxal, activent le système limbique et débloquent le traitement de l’information, permettant l’accès à des ressources plus adaptatives.
Abréviations
•     EMDR : Eye Movement Desensitization and Reprocessing
•     MO : Mouvements oculaires
•     SBA : Stimulations bilatérales alternées
•     TAI : Traitement adaptatif de l’information
•     TSPT : Trouble de stress post-traumatique
Centres de formation EMDR accrédités en France
•     EMDR France
•     EFPE
•     Diplôme Universitaire de Lorraine en psychotraumatologie et EMDR
L’OMS et la santé mentale post-traumatique
Communiqué du 6 août 2013 – Genève
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publie des lignes directrices pour aider les professionnels de santé à prendre en charge les conséquences psychologiques des traumatismes et des pertes.
📊 Étude internationale (21 pays) – Quelques chiffres clés :
•     21,8 % ont été témoins de violences
•     18,8 % victimes de violences interpersonnelles
•     17,7 % victimes d’accidents
•     16,2 % exposés à la guerre
•     12,5 % témoins d’un traumatisme chez un proche
•      3,6 % souffraient d’un TSPT l’année précédente
🆘 Aide psychologique de première urgence
Les recommandations incluent :
•     Soutien immédiat et écoute active
•     Gestion du stress
•     Renforcement des capacités d’adaptation
•     Mobilisation des ressources sociales
🎯 Orientations thérapeutiques
L’OMS recommande l’orientation vers :
•     Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)
•     EMDR (Retraitement par mouvements oculaires)
Ces approches permettent d’atténuer les souvenirs intrusifs et les symptômes persistants liés au traumatisme.
⚠️ Ce qu’il faut éviter
L’OMS met en garde contre l’usage de certains médicaments en phase aiguë :
•     Les benzodiazépines, souvent prescrites pour l’anxiété ou les troubles du sommeil, ne doivent pas être utilisées dans le mois suivant un traumatisme. Elles peuvent aggraver les symptômes ou freiner le processus naturel de récupération.
